

Pourquoi câest mieux ; mais pas suffisant pour sauver la planĂšte bleue.
LumiĂšre sur le coton bio dans lâunivers des kids et ses dĂ©rives. Pachi passe en revue le green washing dans la mode enfant et dĂ©montre que le bio câest bien beau mais encore faut-il quâil soit Ă©colo. Kesako ?
Il y a 10 jours on fĂȘtait le Jour de la Terre. La semaine derniĂšre câĂ©tait la Fashion Revolution Week⊠Le rendez-vous annuel oĂč les communautĂ©s demandent Ă leurs marques prĂ©fĂ©rĂ©es âwho made my clothes ?â
Tout le monde Ă©tait sur le pont pour prĂŽner de belle valeurs⊠Mais quand est-ce que lâon commence sĂ©rieusement Ă changer dâair ?
On nâen parle dĂ©jĂ plus beaucoup. Comme si le soufflet Ă©tait retombĂ©âŠ
Pour nombre dâentre nous, lâIndustrie du Textile et lâHabillement ne font quâun. En rĂ©alitĂ©, elle reprĂ©sente lâensemble des activitĂ©s de conception, fabrication et commercialisation des textiles et entre autres de lâhabillement. Tout au long de cette chaĂźne de fabrication, de nombreux mĂ©tiers existent et reprĂ©sentent en France 61 910 personnes employĂ©es dans les 2165 entreprises permettant de rĂ©aliser un chiffre dâaffaires sâĂ©levant Ă 13,9 milliards dâeuros.

Si cette industrie paraĂźt favorable Ă lâĂ©conomie, elle constitue un dĂ©sastre pour lâenvironnement. *sans blague*

Depuis vingt ans, les enseignes de la fast-fashion, qui renouvellent rapidement et constamment leurs collections, nous poussent Ă consommer avec excĂšs en suivant un modĂšle de prix bas. La vĂ©ritĂ©, câest que lâon achĂšte deux fois plus de vĂȘtements tout en les portant deux fois moins longtemps ! Et pour cause, en France chaque annĂ©e 700 000 tonnes de vĂȘtements sont consommĂ©s.Â
Si on met ça sur lâĂ©chelle de Pachi et sachant quâun Ă©lĂ©phant pĂšse en moyenne 5 tonnes, il faudrait 140 000 Ă©lĂ©phants pour atteindre les tonnes de vĂȘtements consommĂ©s⊠Un bon gros troupeau, dites-moi⊠â
de la population mondiale, en soi.
Et au delĂ de ça, on parle de tonne de vĂȘtements ici mais pour confectionner ces sapes il faut du tissu, des rouleaux et des rouleaux, toujours plus beaux, plus doux, plus souples, plus âtendancesâ (invention de lâindustrie textile pour nous faire croire quâon a besoin de ce nouveau top en soie ou ce jean boyfriend/bootcut/mumjeans). Quid des motifs has been ? Quid des rouleaux qui dorment, victimes dâĂȘtre âdĂ©passĂ©sââŠ
Coton conventionnel : focus sur le désastre de la biodiversité
Bien que ces entreprises veulent redorer leur image en proposant des matiĂšres plus naturelles telles que le lin, la viscose ou encore le tencel, et surtout communiquer dessus en bon samaritain⊠il nâen est pas moins que lâutilisation la plus massive reste celle du coton. Rappelons que dans le monde, il est le tissu le plus utilisĂ© avec plus de 26 000 000 tonnes produites par an.Â
Alors câest mieux que le polyester ou mĂȘme certaines matiĂšres naturelles (viscose qui tue) comme le pointe du doigt le reportage dâArte sur la Fast Fashion maisâŠ
La culture âconventionnelleâ du coton (impliquant une utilisation de produits phytosanitaires tels que les insecticides, herbicides, pesticides) dĂ©truit notre Ă©cosystĂšme et pollue intensĂ©ment les terres. Ces produits chimiques (interdits dans nos pays mais pas en Inde, Afrique et Chine bien sĂ»r) sont reconnus toxiques dans lâUnion EuropĂ©enne et aussi dangereux pour la santĂ© des populations. Selon lâOMS, plus de 20 000 producteurs de coton meurent chaque annĂ©e, intoxiquĂ©s par les pesticides et autres produits phytosanitaires utilisĂ©s dans les champs de coton non biologiques. La faute au rendement et au toujours plus. En plus de nâavoir aucune visibilitĂ© sur les conditions de travail des ouvriers, le problĂšme de lâeau entre Ă©galement en considĂ©ration.
En effet, il faudrait entre 3000 et 17 000 litres dâeau pour produire 1 kg de coton selon les zones gĂ©ographiques et techniques utilisĂ©es⊠Soit lâĂ©quivalent de 10h de douche minimum (prĂšs de 70 douches pour fabriquer un seul et unique t-shirt) ! Enorme non ?
PlutĂŽt dĂ©primant, oui. EntraĂźnant non seulement des dommages sur la biodiversité suite aux eaux polluĂ©es et mal traitĂ©es, cette consommation massive est puisĂ©e Ă des endroits oĂč lâeau se fait de plus en plus rare. La mer dâAral en est lâexemple parfait ! Ătant considĂ©rĂ© comme le 4Ăšme lac le plus grand de la planĂšte il y a quelques annĂ©es, aujourdâhui il en a perdu la quasi-totalité de sa surface. âLa cause ?â vous demandez-vous. Lâalimentation des champs de coton non biologique en OuzbĂ©kistan

Pendant que le coton conventionnel consomme en toute impunitĂ© toute lâeau possible en se cachant derriĂšre son cĂŽtĂ© âfibre naturelleâ et que bientĂŽt les seuls bains de minuit que nous pourrons prendre seront dans la piscine municipale, le coton biologique sauve la mise et ne consomme que trĂšs peu dâeau ! Et oui, aucun pesticides ajoutĂ©s, plus besoin de les diluerâŠÂ avec de lâeau⊠Et puisque les polluants sont absents, le sol retient mieux lâeau et on peut laisser le champ tranquille faire sa tige et sa fleur sans rien ajouter. Pour ĂȘtre prĂ©cis, la culture du coton biologique consomme entre 70 et 93% moins dâeau que le coton conventionnel ! Bon alors ça prend plus de temps⊠Mais tout vient Ă point Ă qui sait attendre, ne disait pas lâadage ? Si seulement on Ă©tait moins pressĂ©.e.s !Â
Nous avons donc trouvé la solution ça voudrait dire⊠? *hum hum*

Et si finalement le bio câĂ©tait bien beau mais pas si Ă©colo ?
LâInde est le plus grand producteur de coton au monde, suivie de la Chine⊠ cela signifie aussi que le coton bio vient en grande partie de lĂ -bas. Entre Paris et New Delhi la distance sâĂ©lĂšve Ă 6âŻ582 km, pour ĂȘtre exact !
Et lĂ vous pensez Ă ce que lâon pense : lâempreinte carbone pour du coton biologique est aussi importante que celle du coton âconventionnelâ. Vous vous dites mĂȘme : âlâindustrie du textile file un mauvais cotonââŠ
Nous pensons pareil. On a beau dire le coton vient de loin.
âEt quâen est-il du coton dâĂ cĂŽtĂ© ??â Malheureusement, en France nous ne disposons pas encore de champs de coton ! Cette matiĂšre premiĂšre est la derniĂšre Ă©tape Ă relocaliser en France. Comme le met en avant la marque de vĂȘtement 1083 et leur beau projet ânos jeans ne parcourent pas plus de 1083 kmâ alors quâhabituellement ils peuvent parcourir jusquâĂ 65 000 km pour leur fabrication ! Bon, trĂšs bien. Revenons Ă nos cotons : il y a toujours celui de lâUE, non ? Hum, il reprĂ©sente seulement 1% de la production mondiale alors bon⊠et le coton turc ? Le pays importe beaucoup de fibres longues de Chine pour complĂ©ter son tissage et convenir aux standards de lâindustrie textile, alors mĂȘme sâil est le 7e pays producteur de coton, la Turquie est un des plus gros importateur aussi.
Bon. Mais du coton on en a déjà en rouleaux sur notre territoire, non ? Si ! Alors pourquoi on utilise pas celui-là ? Nous y voilà .
On vous parlait de lâindustrie textile et des tonnes de vĂȘtements, on peut aussi vous en raconter des belles sur les tonnes de rouleaux dĂ©jĂ tissĂ©s, filĂ©s, teints qui restent sur les bras des fabricants et mĂȘme des marques. AprĂšs avoir rĂ©alisé quelques recherches concernant les invendus de tissus, nous nous sommes trĂšs vite rendu compte quâaucun chiffre nâĂ©tait mis en avant ⊠Beaucoup trop excessif pour le montrer aux yeux de tous ? La prise de conscience serait-elle trop brutale pour lâindustrie du textile si les chiffres Ă©taient dĂ©montrĂ©s ? Sur les 400 milliards de mĂštres carrĂ©s de tissus fabriquĂ©s dans le monde chaque annĂ©e, 10 Ă 20% de la production, soit environ 60 milliards de mĂštres carrĂ©s, ne seront jamais utilisĂ©s
DâaprĂšs une Ă©tude rĂ©alisĂ©e par lâentreprise McKinsey, il y aurait 2% de tissus invendus qui resteraient sur les bras du fabriquant et 10% chez les marques⊠Quant Ă notre façon de voir les choses, on pense que les chiffres sont beaucoup plus importants que ça !
Mieux que de faire du neuf avec du vieux, la tendance est Ă lâupcycling !
âQuâest-ce que câest que ça ?â vous dĂźtes-vous. Lâupcycling, de la traduction âsurcyclageâ est tout simplement une mĂ©thode permettant de donner une seconde vie aux tissus usagĂ©s, vĂȘtements en les transformant en piĂšces neuves⊠On apporte donc une valeur en plus sans dĂ©grader ou transformer la matiĂšre premiĂšre. Un jean trop court ? On coupe pour en faire un short. Une palette sur le trottoir ? Une table basse bobo ! Vous voyez le topoâŠ
Alors si nous disposons dâautant de vĂȘtements et de tissus, nâavons-nous pas les capacitĂ©s pour rĂ©cupĂ©rer et faire des vĂȘtements et accessoires neufs ? Et bien oui, du neuf avec du âvieuxâ (les tissus sont neufs et souvent encore sous blister dans leurs entrepĂŽts, câĂ©tait pour lâexpression) tout en offrant une qualitĂ© durable aux consommateurs (durable aussi pour notre belle planĂšteâŠ), câest possible ! ArrĂȘtons de gĂącher à la fin !Â
Finalement, le tout est de choisir avec sens ce quâil y a de mieux, les valeurs que nous voulons transmettre, le monde que nous voulons laisser Ă nos bĂ©bĂ©s.Â
Ne crachons pas trop sur lâindustrie de la Mode non plus, certaines marques comme Hopaal, Patagonia, Les RĂ©cupĂ©rables, 1083 sont plus respectueuses et choisissent avec sens leurs collections, produisent de maniĂšre raisonnĂ©e aussi Ă partir de matiĂšres recyclĂ©es, upcyclĂ©es, locales⊠AprĂšs viennent les petits crĂ©ateurs au grand cĆur mais qui se font frĂ©quemment voler la vedette (et leurs idĂ©es) par les gros mĂ©chants loups de la Fast Fashion⊠ils produisent toujours plus vite et court-circuitent les tendances.Â
Pouf ! TuĂ©e dans lâĆuf, la jolie collection Toile de Jouy de la petite marque Ă©co-responsable RĂ©zine Paris : un plus gros poisson Ă chopĂ© le filon et mĂȘme si cette fois-ci ça ira, peut-ĂȘtre que la prochaine fois un jeune crĂ©ateur se retrouvera avec ses tissus sur les bras.Â
Quoi quâil en soit des rouleaux endormis il y en a. Alors nous du coup, on choisit en connaissance de cause en fonction de ce quâil y a.
Chez Pachi, nous voulons ce quâil y a de mieux pour les gĂ©nĂ©rations câest pourquoi toute notre marque est Ă©co-pensĂ©e : matiĂšre biologique, packaging en kraft naturel sans encre, certification GOTS, tissus upcyclĂ©s : limiter lâimpact environnemental fait intĂ©gralement partie de nos valeurs ! Aucun tissu neuf nâest créé, tissĂ©, achetĂ© neuf chez nous. Seul le velours de coton bio de nos Pachis pour des raisons de tests labo et de la petite enfance ; et lâĂ©ponge de coton bio de nos bavoirs et anneaux de dentition car on nâen trouvait pas en upcyclĂ©. Mais on sait dâoĂč ils viennent : GrĂšce et Portugal. En fonction de ce que notre bureau dâachat reçoit, des prix dâachat, du toucher, de la composition (100% naturelle ou rien !), de lâĂ©paisseur, des motifs etc. on choisit nos prochaines collections. Dâailleurs, cerise sur le gĂąteau : nous venons de dĂ©goter un joli tissu upcyclĂ© fait en coton bio ! La boucle est bouclĂ©e, on dirait.

Nous nâhĂ©ritons pas de la terre de nos parents, nous lâempruntons Ă nos enfants.
Antoine de Saint-Exupéry
A méditer
baci
Pachi đ đ